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Economie

Brexit : et si l’Irlande tirait les marrons du feu ?

Depuis le divorce effectif entre le Royaume-Uni et l’Union européenne début 2021, la République d’Irlande occupe une place à part : géographiquement au cœur de la Grande-Bretagne, elle reste économiquement et politiquement en revanche rattachée à l’Europe continentale.

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Il y a des signes qui ne trompent pas : depuis l’application du Brexit le 1er janvier 2021, une nouvelle ligne de ferries a encore été ouverte entre Rosslare et Dunkerque. Après Roscoff, Le Havre et Cherbourg, le port du Nord est ainsi le quatrième en France à inaugurer une liaison avec l’Irlande. Elle sera pour l’instant réservée aux poids lourds. « Avant le Brexit, on était à 12 lignes directes de ferries entre les deux pays, aujourd’hui, on en est à près de 45, s’enthousiasme Artus Galiay, directeur pour le Royaume-Uni et l’Irlande de l’agence d’attractivité Nord France Invest. Les Irlandais considèrent désormais que leur plus proche voisin, et donc leur premier partenaire dans l’Union européenne, c’est la France. » Car à la différence du Royaume-Uni, exporter ou importer des marchandises de n’importe quel pays de l’Union européenne vers ou depuis la République d’Irlande, c’est rester dans le marché intérieur européen et éviter tous les contrôles sanitaires, phytosanitaires et douaniers imposés par le Brexit.

L’activité du port de Dublin est désormais répartie à 50-50 entre le Royaume-Uni et l’UE, alors qu’avant le Brexit, le commerce avec les ports britanniques représentaient environ les deux tiers des volumes. « Sur l’année 2021, nous avons constaté une multiplication par trois du volume de camions transportés par la mer » annonce Jean-Marc Roué, le président du conseil de surveillance de la compagnie Brittany Ferries.

Le cas de l’Irlande du Nord

Avec le Brexit, l’Irlande devient donc une destination stratégique. Depuis septembre dernier, la demande de fret y a augmenté de 70%. « Ils veulent préserver des liens politiques et économiques très forts avec les Européens également pour se protéger des troubles potentiels qui pourraient survenir sur la question nord-irlandaise », précise Artus Galiay. Le protocole négocié dans le cadre du Brexit maintient en effet l’Irlande du Nord dans le marché unique et l’union douanière européens afin d’éviter le retour d’une frontière physique avec l’Irlande. Il constitue l’une des sources de tensions principales entre Bruxelles et Londres, qui exige de le renégocier en profondeur. Dernier signe de rapprochement entre l’Irlande et la France : un projet de ligne électrique entre la Bretagne et la ville de Cork. Long de 575 km, ce câble principalement sous-marin permettra d’échanger de l’électricité entre les deux pays. D’un montant de près d’un milliard d’euros, les travaux vont démarrer dans un an. Ce projet vise, selon la Commission européenne, à « mettre fin à l’isolement électrique de l’Irlande ». Il prend tout son sens depuis la mise en œuvre du Brexit. Jusqu’à présent, l’Irlande est connectée au continent européen uniquement par la Grande-Bretagne.

Désormais seul pays anglophone de l’Union européenne, multiculturelle, l’Irlande compte sur son statut de cœur européen de la « Tech » pour séduire aussi de nouveaux entrants : Amazon vient tout juste de s’implanter à Dublin, créant 8 000 emplois, là encore, pour contourner les tracas administratifs liés au Brexit. Cet afflux massif de nouvelles entreprises est du pain béni pour l’Irlande qui n’en demandait pas tant. Grâce à un taux d’impôt sur les sociétés inférieur de plus de moitié par rapport à la France, c’était déjà le plein emploi là-bas.

Lui écrire : artus.galiay@gmail.com

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