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B. Duval : « Le Royaume-Uni restera pour Air France-KLM un pays majeur »

Chaque semaine, le site Français à l’étranger, en partenariat avec le Cercle d’outre-Manche, discute du Brexit avec un dirigeant français actif au Royaume-Uni. Cette semaine, Bénédicte Duval, directrice d’Air France-KLM pour le Royaume-Uni, présente les effets du Brexit sur le secteur aérien.

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B. Duval : « Le Royaume-Uni restera pour Air France-KLM un pays majeur »

Pouvez-vous vous présenter?

Bénédicte Duval : Je suis directrice générale du groupe Air France-KLM au Royaume-Uni et en Irlande depuis deux ans et demi. Air France-KLM vole au départ de 18 aéroports au Royaume-Uni et en Irlande vers Amsterdam et Paris, nos deux hubs, puis vers le monde entier. Je suis arrivée à Londres un an et demi après le référendum. Nous avons eu, entre 2018 et 2019, deux années d’attente avec ces nombreux reports.

Comment avez-vous géré la situation à l’approche de ces échéances?

B. D : Nous avions bien sûr des équipes au siège, à Paris et à Amsterdam, dédiées au Brexit. Depuis Londres, nous avons surtout été obligés de revoir certaines certifications de transport. Lors de la toute première date limite, le 29 mars 2019, les ambassades étaient débordées et devaient faire face aux demandes de toutes les entreprises présentes au Royaume-Uni. Nous étions, nous aussi, dans l’incertitude. Après deux ou trois reports, nous étions plus habitués à cette situation, comme l’ambassade d’ailleurs.

Quel impact a eu le Brexit sur vos activités ?

B. D : Nous sommes très dépendants de la faiblesse ou de la force de la livre sterling. En fonction du cours de la livre, et donc du niveau de nos recettes, nous offrons plus ou moins de places au départ du Royaume-Uni sur nos vols en connexion à Paris et Amsterdam. Après l’annonce du referendum en 2016, nous avons perdu de nombreux sièges au départ du Royaume-Uni au profit de pays européens qui vendaient a des prix plus élevés. Par exemple, il etait plus difficile d’obtenir des places de Londres vers Tokyo via Paris car les vols Paris-Tokyo étaient remplis en priorité par des clients payant en euros au depart d’Allemagne our d’autres pays d’Europe. 

2018 et 2019 ont cependant été de très bonnes années pour Air France – KLM au départ du Royaume-Uni,  en partie du fait de la stabilité, voire de la légère remontée de la livre, et du fait aussi de la faiblesse d’autres marchés européens comme l’Allemagne, l’Espagne, ou les pays Nordiques plus récemment. Nous avons ainsi bénéficié d’un effet inverse à 2016 et les ventes au départ du Royaume-Uni ont même dépassé nos attentes. Plus globalement, le Brexit a cependant eu un impact sur le climat des affaires à cause des incertitudes qu’il a généré, evidemment très negatif pour les investissements. Les effets du Brexit se feront ressentir a plus long terme, dans les années à venir.

Mais, ce qui est sûr, c’est que le Royaume-Uni restera pour Air France- KLM un pays majeur. Il s’agit du quatrième pays en termes de recettes, après la France, les Pays-Bas et les Etats-Unis. Notre position s’est même renforcée. Nous avons récemment créé une joint-venture avec la compagnie aérienne britannique Virgin Atlantic sur nos vols transatlantique, ce qui montre que nous croyons en ce marché. Quand nous regardons nos engagements de réservations pour les mois à venir, nous sommes l’un des marchés les plus dynamiques d’Europe.

Quelles sont les conséquences du Brexit du point de vue règlementaire?

B. D : La première inquiétude était de savoir si le Brexit allait avoir des impacts sur les droits de trafic aérien entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), ces droits de trafic n’appartenant pas aux compagnies aériennes mais aux Etats. En tant qu’Air-France-KLM, nous sommes assez préservés sur ce sujet car nous sommes, côté Air France, une compagnie française, et côté KLM, néerlandaise. Même en cas de hard Brexit, nous serions revenus aux lois qui régissaient le trafic aérien après la seconde guerre mondiale. La situation est cependant différente pour les compagnies qui ne sont ni britanniques, ni européennes. Un mémorandum entre le Royaume-Uni et l’UE a cependant été signé afin de reporter les échéances pour que les entreprises puissent adapter notamment leur structure d’actionnariat.

D’autres règlementations, comme celles concernant la « sécurité, sûreté » sont en statut quo. Là encore, il y a un mémorandum d’entente, avec un nouveau délai. Pour notre part, nous préférons des mesures globales, plutôt que des mesures spécifiques, même si elles semblent être moins contraignantes. A ce sujet, je ne vois pas trop comment les britanniques pourraient faire différemment que l’Europe. Je pense qu’il y aura plutôt une transition douce. Les deux côtés ont intérêt à ce que les mesures soient souples.

Enfin, il y a aussi le problème de la RGPD. Actuellement, nous pouvons transmettre les informations de tous les dossiers de réservation vers tous les pays de l’UE mais non vers des pays tiers. Ce problème est encore à régler pendant la période de transition. Face à ce travail colossal, je pense qu’il y aura certainement des nouveaux délais, qui ne seront pas forcément connus du grand public.

Quel futur pour le secteur aérien ?

B. D : Il y a déjà eu plusieurs cas de faillites tels Flybe, Thomas Cook, Monarch Airlines. Je pense que nous allons aller vers une consolidation de l’industrie, comme c’est le cas aux Etats-Unis. En Europe, nous avons encore beaucoup de compagnies qui opèrent chacune à partir de leur pays en UE.

Par ailleurs, au Royaume-Uni, Boris Johnson a promis la connectivité des régions, une mesure très importante pour les compagnies aériennes. La prochaine Cop 26 doit se tenir à Glasgow cette année, que va-t-il faire concernant le réseau domestique? Va-t-il céder à la pression des associations de lutte contre le changement climatique?

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