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Covid-19 : l’Angleterre de nouveau sous cloche

Covid-19 : l’Angleterre de nouveau sous cloche

Des files d’attente de plus de 24 heures pour hospitaliser les malades du Covid-19. En Angleterre, depuis quelques jours, la situation est hors de contrôle, témoigne Corinne Gonet. La Française est médecin urgentiste au Royal Hospital de White Chapel à Londres, l’un des plus gros de la capitale.

Si on en est là, dit-elle, c’est que les soignants étrangers ont quitté les hôpitaux britanniques : “La plupart sont repartis dans leur pays pour travailler pendant le premier confinement et ils se retrouvent déboussolés, avec beaucoup moins de gens pour les aider et une charge de travail qui a été augmentée.” 

L’Angleterre est l’un des pays d’Europe les plus endeuillés par le Covid-19

Et la tendance s’est aggravée ces dernières semaines. Le bilan des contaminations publié chaque jour dépasse désormais les 50 000. C’est aussi que le système de santé est bien différent de celui de la France : on ne soigne que les gens vraiment malades. Le rapport entre les patients et les soignants est totalement différent :

“Ici, on n’a pas l’habitude d’hospitaliser les gens, on les renvoie chez eux. C’est ce qui a fait la différence avec le nombre de personnes de plus en plus contaminées au Covid-19 et qu’on a dû hospitaliser pour oxygénothérapie ou d’autres solutions de ventilation.“ Corinne Gonet, médecin urgentiste au Royal Hospital de White Chapel à Londres

L’Écosse est également entrée mardi dernier dans un confinement du même type pour au moins tout le mois de janvier. Déjà confinés, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord ont décidé de laisser les enfants à la maison.

Virus mutant

Corinne Gonet pointe aussi du doigt un premier confinement trop tardif outre-Manche, par rapport à la France. Face au risque de submersion d’un système de santé déjà exsangue, ce troisième confinement sera donc durci, avec fermeture des écoles, de tous les commerces non-essentiels, et déplacements limités hors de chez soi, pour aller travailler, faire des achats ou de l’exercice physique uniquement. Il ne sera pas levé avant au mieux le mois de mars.

Autant, en France, la médecine est considérée comme un art, autant en Grande-Bretagne elle est avant tout une science basée sur des preuves. La prise en charge du patient est donc complètement différente, témoigne Corinne Gonet : “À partir du moment où vous n’êtes pas un cas gravissime, décompensé, pour les Anglais, vous ne rentrez pas à l’hôpital, alors qu’en France, à partir du moment où vous en ressentez le besoin, ou si vous appelez une ambulance ou le Samu, vous pouvez entrer à l’hôpital.” 

Corinne Gonet à de quoi comparer puisqu’elle exerce aussi comme médecin urgentiste au CHU de Bordeaux et en Corse. Quant à la nouvelle variante britannique mutante du Covid-19, dont plusieurs cas ont déjà été détectés en France et à l’étranger, Corinne Gonet temporise : “C’est comme si vous donniez de l’anti-moustique à un moustique, il va se modifier pour se défendre puisque vous l’agressez.”

“Certes, ce virus mutant est beaucoup plus contagieux mais moins agressif et pas plus mortel que celui qu’on connaît actuellement en Europe. C’est vrai qu’il atteint plus les enfants.“Corinne Gonet

Dans ce contexte, l’espoir ambitieux de Boris Johnson est de pouvoir vacciner près de 14 millions de personnes d’ici mi-février comme seule porte de sortie.

Lui écrire : co_gonet@yahoo.fr